Cet espace dédié à la préparation et la consommation des repas concentre potentiellement les plus hauts niveaux de particules nocives lorsque, faute de système de ventilation performant, le taux de renouvellement de l’air s’y révèle insuffisant.
Lieu de plaisir, d’échanges et de convivialité, la cuisine n’est pas pour autant la pièce la plus inoffensive de la maison, tant les activités qui s’y exercent sont intenses et nombreuses au cours d’une même journée.
Dans leur quotidien ordinaire, les français passent 1 à 2 heures au moins dans la cuisine, dont la moitié de ce temps environ derrière les fourneaux. C’est justement la préparation des repas qui impacte avec le plus d’acuité la qualité de l’air : l’opération génère des polluants d’une nature particulière, différente de ceux qui circulent dans les autres parties de l’habitation.
La toxicité des lieux (parfois beaucoup plus élevée qu’à l’extérieur lorsqu’aucun système de ventilation double-flux ne vient assainir l’atmosphère du logement) est directement lié à la cuisson des aliments, mais aussi au type d’ingrédient et au mode de combustion employé.
Votre cuisine plus polluée que la ville de Paris ?
En 2019, les résultats spectaculaires d’une étude scientifique réalisée et diffusée par l’Université du Colorado (Boulder) avaient particulièrement frappé les esprits : la seule cuisson d’un rôti de dinde de Thanksgiving fut à l’origine d’un dégagement très dense de particules fines, estimé par les chercheurs à 200 microgrammes par m3 à son pic.
Un niveau 5 fois supérieur à la moyenne relevée cette année-là au cœur de Paris et 17 fois plus importante que celle de Londres. Pire : au plus fort de sa concentration, ce nuage toxique provoqué par la combustion d’une viande blanche a dépassé le taux de particules de New Delhi (143 microgrammes par m3), ville indienne considérée comme la plus polluée du monde.
Qu’est-ce que les particules fines (PM) ?
Rappelons que les particules fines, également appelées PM (pour Particulate Matter en anglais) sont des molécules composées de poussières et d’un ensemble de résidus issus des processus de combustion (suie, fumée). Les HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) qui se trouvent à la périphérie de leur noyau sont scientifiquement reconnus pour leur caractère toxique.
Microscopiques, les PM sont invisibles à l’œil nu et se maintiennent très facilement en suspension dans l’air. Cette capacité à stagner les rend d’autant plus insidieuses et nocives : l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) avait établi un plafond maximal d’acceptabilité à 10 microgrammes/m3 de particules fines. Soit 20 fois moins que le niveau de pollution atteint par le rôti de l’Université de Boulder.
Les scientifiques répertorient les particules fines par diamètre, un critère qui détermine leur degré de dangerosité (plus elles sont petites, mieux elles pénètrent dans l’organisme).
Les PM10, d’une taille inférieure à 10 micromètres, sont absorbées et retenues par les voies aériennes supérieures (nez et bouche).
Les PM2,5 (moins de 2,5 micromètres) descendent jusqu’aux alvéoles pulmonaires.
La cuisson au gaz, un autre danger pour la qualité de l’air intérieur
Autre polluant dangereux dans la cuisine : le NO2 (dioxyde d’azote) dégagé par les équipements de cuisson alimentés au gaz. Début 2023, des tests réalisés par l’institut néerlandais de sciences appliquées TNO* avaient révélé des résultats inquiétants dans l’ensemble des pays de l’Union Européenne. En milieu intérieur, le niveau de NO2 généré par les gazinières dépasserait pendant 5 jours sur 7 la limite quotidienne de 25 microgrammes/m3 recommandée par l’OMS.
Toujours d’après l’enquête, les repas préparés avec ce mode de cuisson seraient à l’origine de 12% des cas d’asthmes pédiatriques recensés au sein de l’UE (soit 700 000 diagnostics).
Ces données permettent d’attirer notre vigilance et de sensibiliser sur l’importance d’une bonne ventilation dans l’habitat. Un système de ventilation double flux permet d’assurer un renouvellement d’air optimal tout au long de la journée et en toutes saisons. Même en hiver où l’on est moins enclin à ouvrir les fenêtres, cette technologie va assainir l’air intérieur en évacuant l’air vicié et en insufflant un air neuf, filtré et tempéré.
Attention : ce dispositif ne dispense pas d’une hotte. La cuisson des aliments encrasserait les conduits de façon excessive, au détriment de la qualité de l’air de votre intérieur. La bouche d’extraction située dans votre cuisine nécessite d’ailleurs un nettoyage plus fréquent (que celles des autres pièces) en raison de cette accumulation de poussière et de graisses de cuisson.
*Ces résultats ont été relayés au sein d’un rapport officiel dirigé par l’ONG Clasp et l’Alliance européenne pour la Santé Publique.